Chaque année, 1,3 milliard de tonnes de nourriture est gaspillé dans le monde. Cela représente environ 1/3 de la production alimentaire totale, et les raisons de ce gaspillage sont diverses. En cause sont principalement les pays industrialisés, où la nourriture est disponible en abondance et où les magasins d’alimentation sont toujours bien remplis. Dans l’UE, 127 kg de nourriture sont jetés en moyenne par personne et par an (2020). Chaque Luxembourgeois gaspille en moyenne 118,5 kg par personne et par an. La plus grande partie de la nourriture est jetée à la poubelle au domicile du consommateur final.
Environ 75 % de la nourriture totale gaspillée proviennent des ménages ! Au Luxembourg, chaque habitant jette environ 88,5 kg de nourriture à la poubelle, dont du pain et des pâtisseries (30 %), des produits emballés périmés (15 %) ainsi que de la viande et de la charcuterie (14 %). Une réduction de 20 % (environ 17 kg) permettrait déjà aux ménages luxembourgeois de réaliser une plus-value financière de 75,5 € par personne et par an (Génération, traitement et prévention des déchets alimentaires 2018/2019).
D’où vient cette situation ? Et que pouvons-nous faire pour y remédier ?
Le problème commence souvent lors des courses, qui devraient toujours être planifiées et ne pas se faire l’estomac vide. Souvent, les achats spontanés, stimulés par la faim, sont effectués en trop grande quantité. Les aliments achetés en excès sont ensuite jetés au lieu d’être consommés. Cela pourrait être réduit en planifiant correctement quand et où manger pendant la semaine, en combinaison avec une liste de courses.
Les fruits et légumes peuvent être consommés ou transformés même s’ils sont abîmés. Les pommes qui ne sont plus belles en apparence peuvent servir à faire de la compote et les légumes qui ne sont pas présentables, comme les carottes tordues, peuvent être utilisés pour faire de la soupe. Les aliments dont la date de péremption est proche peuvent encore être mangés sans crainte s’ils sont correctement conservés au réfrigérateur. De nombreux aliments portant la mention « À consommer de préférence avant le […] » peuvent encore être mangés après cette date, suite à un examen sensoriel. Les produits portant la mention « À consommer jusqu’au […] » ne doivent plus être consommés après cette date, car ils peuvent présenter un risque pour la santé. Il s’agit de produits qui se détériorent très rapidement, comme par exemple la viande hachée.
Voici quelques conseils pour la conservation des aliments : Les produits frais ou congelés doivent être réfrigérés ou congelés immédiatement après leur achat. Il faut veiller à ce que les aliments soient rangés au bon endroit dans le réfrigérateur (voir illustration « De Frigo richteg araumen »). En haut et tout en bas, le réfrigérateur est le plus tempéré ; c’est donc l’endroit approprié pour les produits qui n’apprécient pas les températures trop fraîches. En bas, les fruits et légumes peuvent être stockés dans des tiroirs adaptés, et en haut, on peut placer par exemple les plats préparés. Le milieu du réfrigérateur est l’endroit le plus froid : c’est là que doivent être placés les produits qui s’abîment rapidement, comme le poisson, la viande ou la charcuterie. Les produits peu sensibles, comme les boissons ou les sauces, sont le mieux placés dans la porte. Il est à noter que chaque ouverture du réfrigérateur provoque de fortes variations de température et que les aliments sensibles s’abîment rapidement. En respectant ces consignes, les aliments peuvent être conservés le plus longtemps possible.
En plus du gaspillage domestique, des pertes sont enregistrées au niveau de la production et de la transformation des aliments. Dans l’agriculture, les produits se détériorent à cause de parasites ou de champignons lors de la culture ou du stockage des denrées, à quoi s’ajoutent les ravages dus aux intempéries ou à la sécheresse. Un autre aspect est la surproduction de denrées alimentaires ainsi que les produits non commercialisables et non souhaités, par exemple en raison d’une apparence ou d’une taille inappropriée. Ces produits sont utilisés en grande partie pour l’alimentation animale ou pour la production d’énergie dans les installations de biogaz. Seule une petite partie ne peut plus être utilisée du tout. Dans l’industrie, des pertes sont dues à des dommages pendant le transport, à un mauvais stockage et à des problèmes techniques. Dans le commerce de détail, il est particulièrement important que la marchandise soit bien présentée. Les produits qui ne sont pas beaux ne trouvent pas d’acheteurs. De ce fait, de nombreux produits ne sont plus mis en vente et sont déjà éliminés en amont ou dans le magasin.
Que signifie pour nous l’économie de denrées alimentaires ?
En économisant les aliments gaspillés, on pourrait au niveau mondial réduire d’un quart la consommation d’eau douce et d’un tiers la surface agricole utilisée. Il s’ensuivrait une réduction de l’utilisation de ressources telles que, par exemple, les produits phytosanitaires, les engrais et les matières premières fossiles. Cette économie de denrées alimentaires s’accompagnerait d’une réduction des besoins énergétiques en termes d’utilisation de machines, de transport et de stockage. D’une manière générale, la diminution du gaspillage alimentaire entrainerait une réduction des gaz à effet de serre. On pourrait planter des forêts sur les surfaces non-utilisées, ou préserver des forêts existantes. 30 % des surfaces cultivées dans le monde servent à notre consommation de luxe. Moins d’animaux devraient être abattus, alors que la consommation de viande demeurerait inchangée. Si les aliments gaspillés restaient dans la chaîne alimentaire, aucun être humain ne souffrirait plus de la faim dans le monde.
On peut dire d’une manière générale que si chacun d’entre nous faisait attention à ne pas jeter autant de nourriture, il ferait beaucoup pour notre environnement et nos congénères.